« J'ai vu les gens courir autour de moi, fuyant manifestement une charge policière. J'ai commencé à les suivre, pas assez rapidement, si bien que je me suis retrouvé tiré par terre par un/des policiers qui m'ont ensuite maintenu plaqué au sol pendant quelques secondes frappant ma tête très fort avec une matraque. Je n'ai reçu que des coups sur la tête, ils l'ont donc visée exclusivement. J'ai réussi à m'extirper ou plutôt ils ont estimé que j'avais eu ma leçon et m'ont laissé repartir en rampant, jusqu'à un banc qui se trouvait près de là. La charge avait cessé, les policiers ont reculé. Je ne les ai pas vu, pris dans la panique et dans ma tentative de fuir une éventuelle GAV.
Sonné, j'ai été pris en charge par les médics très rapidement, iels m'ont fait un bandage et constaté que j'avais une ouverture au niveau du crâne. Iels ont appelé le samu qui n'a pas pu venir sur la place, étant toujours le terrain d'affrontements. Iels ont constitué un cercle de protection autour de moi pour éviter que je me fasse écraser par la foule ou une autre charge. Nous avons attendu 1h l'arrivée des pompiers sur la place, ils ne pouvaient pas venir. Les médics m'ont donc extrait du périmètre de la manifestation sur un brancard. J'ai ensuite patienté avec l'une d'entre elleux et un ami l'arrivée de pompiers qui sont arrivés vers 21:30 pour m'emmener à l'hôpital Saint-Antoine. Je voudrais remercier la médic qui m'a accompagné pour sa bienveillance et son aide extrêmement précieuse, ainsi que toutes les personnes qui m'ont pris en charge.
Là j'ai patienté encore 3 heures pour être pris en charge (il y avait 5 autres victimes de la police dans la salle d'attente des urgences : 4 blessés à la tête et un à la main droite complètement fracturée par des coups de matraque). J'ai reçu 11 agrafes sur mon ouverture d'environ 10 centimètres. Aujourd'hui j'ai encore mal à la tête et je souffre d'une dépression. »
Recontacté 6 mois plus tard, Andrea* nous indique ne pas avoir porté plainte, faite d'avoir pu identifier les policiers. « J’étais en train de courir de dos lorsqu’ils m’ont attrapé, je n’ai rien reconnu ». Sa blessure a cicatrisé en 3 semaines
* Le prénom a été modifié