« J’ai sorti la caméra, et il m’a sauté dessus », témoigne Norah (1), 40 ans. Elle dénonce avoir subi un contrôle violent par deux policiers alors qu’elle rentrait de soirée, sur le quai du métro aérien Barbès–Rochechouart dans la nuit du 15 au 16 novembre 2025.
Quelques minutes plus tôt, la quadragénaire attendait sur le quai de la ligne 2 lorsqu’un « ACAB » (slogan pour "all cops are bastards") est crié de loin par des jeunes qu’elle ne connaît pas. « À ce moment là, les agents sont arrivés de manière très précipitée vers ce groupe de femme », témoigne Norah. Les deux policiers, qu’elle décrit comme agressifs, empêchent les jeunes de monter dans le métro et chercheraient la confrontation avec une dizaine de jeunes femmes. Un récit confirmé par plusieurs témoins, qui rapportent que l'un des policiers crie : « Qui va porter ses couilles ? »
Mais à l'arrivée du métro, la situation dégénère en quelques secondes. Alors qu'elle filme la scène à quelques mètres, Norah est attrapée par l’un des deux fonctionnaires, qui se jette sur elle et tente de lui prendre son téléphone, avant de la tirer jusqu’à l’isoler dans un coin. Sur les images captée par un autre témoin, le gardien de la paix plaque brutalement le visage de Norah contre le vitrage de la station, avant de faire un mouvement brusque vers elle. Cette dernière affirme avoir été à ce moment là brièvement étranglée et avoir pu recevoir des coups dans les jambes. Lorsque qu’elle est assise au sol, une minute plus tard, le policier lui aurait à nouveau arraché le téléphone des mains. Un des extraits vidéo le montre alors jeter l’appareil par terre. Après qu’un second équipage soit arrivé en renfort, le même fonctionnaire lui fait une clef de bras, avant de relâcher sa prise immédiatement. Les images ne montrent aucun geste de Norah qui semble justifier cette contrainte.
Il m’a dit : « Je regrette le temps de la BRAV-M »
Un certificat médical établi le lendemain, consulté par ViolencesPolicières.fr, rapporte un « état d'anxiété visible à l'examen » et plusieurs hématomes et dermabrasions aux bras. Son arrêt maladie d'une semaine est finalement prolongé jusqu'à fin décembre.
Les images montrent une seconde personne, porteuse d’une capuche jaune, subir des violences. Dès le début de l’intervention, alors qu’elle sort elle aussi son téléphone pour filmer les deux fonctionnaires, ceux-ci saisissent en même temps son appareil dans ses mains. Quelques secondes plus tard, lorsqu’elle essaye de s’interposer à l’arrestation de Norah, le second policier lui porte un coup, main ouverte, au visage. Elle n’a pas été retrouvée par ViolencesPolicières.fr.
Pour trois témoins questionnés par ViolencesPolicières.fr, le choix d’appréhender et de contrôler l’identité de Norah — et de personne d’autre — interroge. « C’était une des seules personnes racisées sur le quai. Ça m’a tout de suite sauté aux yeux, la violence avec laquelle on l’a manipulé », commente Ninon. Jusqu’à la fin du contrôle, les agents refusent de se justifier et ne mentionnent même pas l’outrage. « Ils sont parti sans s’expliquer », ajoute-t-elle.
Marie-Sara, une autre témoin, est quand à elle marquée par l’armement conséquent des trois policiers arrivés en renfort : « Ils sont arrivés avec un fusil d’assaut et des bombes lacrymogènes. C’était complètement démesuré par rapport à la situation ». L’un d’eux dissimule son visage au moyen d’un cache-cou — une pratique formellement interdite (2). Le gardien de la paix accusé d’avoir violenté Norah n’est pas porteur de son numéro RIO, pourtant obligatoire (3).
Norah a annoncé déposer plainte auprès du procureur de la république. Le défenseur des droits a également été saisi. Sollicité le 29 novembre par ViolencesPolicières.fr, la préfecture de police n’a pas répondu à nos questions.


























