Un homme a déposé plainte contre quatre policiers de la Bac d'Istres (Bouches-du-Rhône) qui l'ont interpellé à son domicile, le 26 mars 2024 dans la commune de Miramas, suite à une plainte de son ex-compagne pour dégradation. Il a été condamné pour rebéllion, tandis que la procédure visant les policiers est toujours en cours. Sollicités par ViolencesPolicières.fr, le parquet de Marseille et le service de communication de la police nationale n'ont pas répondu à nos questions.
Dans sa plainte déposée trois jours après les faits à la Gendarmerie de Berre-l'étang, l'homme de 39 ans affirme ne pas avoir su que les quatre individus, qui se seraient présentés à son domicile sans tenue ni brassard, étaient en réalité des policiers.
Lorsqu'il aurait exigé de voir leur carte professionnelles, les fonctionnaires seraient rentrés de force chez lui en fracturant la charnière et l'auraient « attrapé par le col » puis « frappé à coup de poing ». Le plaignant, qui avait subi un an plus tôt une opération des vertèbres, aurait ensuite été « poussé sur les escaliers » puis « étranglé à deux reprises » avant de « tomber dans les pommes ». Il dénonce également avoir reçu, alors qu'il est menotté dans le véhicule de police, des « gifles au visages » et d'avoir été menacé par les fonctionnaires, notamment qu'il « a de la chance que [son] fils soit présent sinon il y aurait une mare de sang », a-t-il indiqué au gendarmes.
Il a parlé de ces violences à sa mère dès sa sortie de garde à vue, le lendemain, ce que cette dernière a confirmé à ViolencesPolicières.fr. Présente dans le logement au moment des faits, elle n'avait cependant pas assisté à l'interpellation. Examiné dans la foulée, un médecin lui délivre 8 jours d'ITT pour plusieurs hématomes dont un dorsal et un « choc émotionnel », selon son certificat médical joint à la plainte. Pour le plaignant, sans qu'il puisse formellement « le prouver », l’intervention des policiers a aggravé son état et participé à la nécessité d'une nouvelle opération. Toujours en arrêt de travail, il est reconnu travailleur handicapé par la MDPH en janvier 2025.
De manière surprenante, l'enquête contre les fonctionnaires est confiée au commissariat d'Istres, soit le service auxquels appartiennent les policiers mis en cause. Ce même commissariat aurait d'ailleurs refusé de prendre la plainte de l'homme (1), au cours puis à la sortie de sa garde à vue, obligeant ce dernier à se tourner vers la gendarmerie. Ce ne serait qu'après un signalement sur la plateforme en ligne de l'IGPN dans lequel le plaignant s'étonne de ce conflit d'intérêt que l'enquête a été délocalisée au commissariat de Martigues, toujours sous la direction interdépartementale des Bouches-du-Rhône.
Dans deux courriers répondant aux signalements du plaignant, le directeur interdépartemental adjoint lui informe n'avoir constaté « aucun manquement aux obligations professionnelles et procédurales » de la part des agents, sans exclure de prendre « toutes les mesures utiles pour mettre à jour les éventuels manquements commis par [ses] effectifs », tandis que « l'enquête est toujours en cours ».
De son côté, l'homme a été reconnu coupable le 23 janvier 2025 par le tribunal d'Aix-en-Provence de dégradation et de rébellion contre trois des policiers ayant entrainé entre 3 et 5 jours d'ITT. Il a été condamné à neuf mois d'emprisonnement avec sursis probatoire assortis d'une obligation de soin.




















