Le 21 octobre 2024 vers 18h20 sur les quais des Chartrons à Bordeaux, les policiers, initialement présents pour la sécurisation d'une manifestation devant le consulat des Étas-Unis, arrêtent un cycliste circulant sur la contre-allée.
Mais le contrôle s'envenime, et les images du jeune homme allongé au sol, le tee-shirt déchiré, sous le poids de plusieurs policiers suscite l'inquiétude des manifestants et des réseaux sociaux.
Le parquet de Paris, sollicité par CheckNews, a indiqué que que le jeune homme aurait « refusé le contrôle et tentait de porter un coup de poing à un agent ». Une version qu'une vidéo que nous nous sommes procuré vient nuancer. Sur ces images, filmée par Éducation avec Gaza 33, on peut voir un des policiers arracher le téléphone des mains du jeune homme plaqué contre le mur. Dans ce geste, le fonctionnaire le bouscule contre le mur en lui portant un coup au thorax.
Une action qui énerve le jeune homme, qui réclame qu'on lui rende son téléphone et s'avance brusquement en direction du policier, mais est rapidement retenu par les autres agents. Dans ce mouvement, aucun coup n'est porté ou manifestement tenté. Le jeune homme garde ses deux mains contre son thorax.
Retrouvé par violencespolicieres.fr confirme avoir voulu récupérer son téléphone. Il explique la position de ses mains par la retenue exercée par les autres policiers. Il dénonce également avoir eu la nuque écrasée par le genou d'un policier alors qu'il était au sol. Un geste partiellement visible sur la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Pendant une dizaine de secondes, le policier a le genou placé soit sur la nuque, soit très en haut du dos du jeune homme.
Plusieurs témoins s'interrogent sur les raisons du contrôle, qu'ils soupçonnent discriminatoire. Car, si les policiers auraient justifié celui-ci par le fait que l'homme circulait à contre-sens et "à grande vitesse" sur la contre-allée, les témoins soulignent que plusieurs autres cyclistes circulaient dans les mêmes conditions sans être dérangé.
Seul le jeune homme — à la peau noire — a été contrôlé. Retrouvé par Checknews, il explique que « plein de personnes passent là en vélo depuis toujours », y compris pendant le contrôle. Quant à sa vitesse excessive, « personne ne l'a vu aller vite » assure Yassine qui participait au rassemblement.
Ils font également remarquer que plusieurs policiers, appartenant semble-t-il à la CDI-33, ne sont pas porteurs de leur numéro d'identification. « On leur a demandé leur matricules, ils étaient illisibles, indique Dominique. Ça les a fait rigoler. ». Sur une photo que nous nous sommes procuré, le capitaine de l'unité, le plus haut gradé présent à notre connaissance, affiche un matricule illisible. Il y a un an, le Conseil d'État enjoignait déjà au Gouvernement de garantir « le port effectif et la lisibilité du numéro d’identification individuel », sans résultat d'après les association qui ont annoncé un nouveau recours.
Le vélo électrique, un « Vitality N7 » en location longue durée, d'ailleurs été laissé sur place par les policiers, sans anti-vol, obligeant les manifestants à s'organiser avec un commerce voisin pour le sécuriser. Selon les conditions générales de Bordeaux Métropole, sa franchise s'élève à un montant de 1550€ non remboursées en cas de vol.
Le jeune homme, poursuivi pour « outrage, rébellion, violences sur dépositaires de l'autorité publique » doit comparaître le 13 mars prochain devant le tribunal. À notre connaissance, aucune procédure n'est ouverte concernant les policiers. Sollicité par violencespolicieres.fr, le service communication de la police nationale n'a pas donné suite.