Faits rapportés auprès du CAD :
Menaces et intimidations lors d'une mobilisation
Vers 21-22h les hommes du campement commencent à bloquer l’avenue de chaque côté du skate-park, ils demandent une mise à l’abri. La police arrive. D’abord 2 camionnette de la sécurité de la ville qui se garent d’un côté de la rue pour bloquer la circulation en amont. Une voiture de la police nationale arrive. Elle remonte la rue puis s’arrête juste avant l’entrée du campement. Les policiers sortent de la voiture, l’air très énervés, les gazeuses à la main qu’ils agitent de manière menaçante. Un des policiers dit : « on va leur foutre un bon coup de gaz, ça va les calmer/ça va calmer tout ça ». Ils nous voient et nous crient d’arrêter de filmer. La militante à côté de moi répond que c’est son droit, ils n’insistent pas mais nous regardent d’un air menaçant. Ils continuent d’agiter les gazeuses. Le chef dit au talkie : « y a des associations qui aident les migrants ». Il précise qu’on les filme. Les hommes du campement reculent dans le skate-park avec la police en face sur la route. Les policiers leurs disent de rester sur le trottoir. Le policier à côté me demande de le leur dire, que s’ils font ça c’est ok. Je commence à vouloir lui expliquer les demandes des hommes (un hébergement) et il me répond que ce ne sont pas ses affaires. Je demande à parler au commandant. Il m’indique un agent de l’autre côté de la rue. C’est celui qui parlait dans son talkie, très désobligeant depuis son arrivée, un monsieur de 40-50 ans, blanc, gros avec des lunettes à monture épaisse (commissariat du 18è). Je lui dis bonjour, sans me regarder, il répond : « je parle pas avec vous » (je comprends que le « vous » désigne les membres d’associations). J’insiste un peu en précisant que c’est pour expliquer la situation. Il me dit sèchement qu’il a toutes les informations qu’il lui faut. Il ajoute : « si un des mecs nous lance un truc dessus, je balance une grenade dans le tas, ça va les calmer ». Je reste debout derrière lui un peu à l’écart avec deux militantes. Devant, sur la route, ses agents se tiennent toujours face au campement. On les filme de dos. Ils ne font que se retourner, se parler entre eux, nous désigner et nous regarder. Quelques dizaines de minutes après je vais de l’autre côté du campement (côté théâtre des Bouffes du nord), un petite vingtaine de policiers (une autre équipe du 18è apparemment) sont positionnés en face des hommes qui bloquent la route. Le chef de cette équipe vient nous voir et s’adresse à un membre de SMW. Ce dernier venait de nous prévenir que la police avait prévu de charger. Il revient nous dire que leur but c’est de rétablir la circulation mais ils ne feront rien, ne chargeront pas. Donc c’est aux associations de « gérer » la situation, la menace implicite étant que si on ne le fait pas la situation deviendra violente. Un peu avant minuit, l’information sur l’évacuation de demain circule et tout le monde retourne vers le campement.