Faits rapportés auprès du CAD :
La police disperse les exilés devant le CPA
Je n’ai pas dormi depuis vendredi, j’ai passé les dernières nuits debout dans le rang pour essayer d’obtenir un ticket d’entrée pour le CPA. Si tu viens la nuit à Porte de la Chapelle, tu verras plus d’une centaine de personnes devant le camp debout dans le froid, espérant être les premières dans le cas où ils distribueraient des tickets d’entrée. Mais là depuis cinq jours, tous les matins seul le responsable sort devant et nous dit qu’il n’y aura pas de tickets aujourd’hui et qu’il faut partir. Alors la police nous menace puis nous disperse. Malgré le fait qu’on soit là pour demander l’asile, on a l’impression de ne pas avoir le droit d’être ici. Nous sommes au mieux tolérés. Et encore tolérés si nous sommes à la rue, si nous sommes invisibles. Tous les jours la police vient et nous demande de partir dès que nous sommes dans un endroit où la population risque de nous voir ; mais c’est pas parce que vous ne nous voyez pas que l’on arrête d’exister. On va pas disparaître comme ça comme des poussières. “Dégage”, “Plus loin”, “Allez sous les ponts”, c’est ça que nous disent les gendarmes, ils nous parlent comme à des chiens, mais c’est eux les chiens de se comporter comme ça envers d’autres êtres humains. Ils sont indignes de leur profession. Moi, en Côte d’Ivoire j’ai fait parti des Forces Spéciales, j’ai été formé et je connais la loi. Ces gendarmes n’ont pas le droit de nous menacer avec leurs armes, de nous insulter. Au contraire, ils sont là pour protéger la population et en voyant des gens à la rue comme nous ils devraient appeler l’assistante sociale, ou des secours car on meurt de froid. L’autre jour deux migrants se sont effondrés dans la queue du CPA , alors les responsables ont appelé les pompiers. Normalement pour secourir quelqu’un d’évanoui on le met sur un brancard mais là ils l’ont traîné par terre avant de le jeter dans le camion. L’autre ils l’ont réveillé en le secouant et l’ont obligé à pisser dans un tube, pas dans le camion, mais dans la rue ! un peu caché, mais tout le monde le voyait. On ne nous traite pas comme des êtres humains (Victime)