« Je faisais partie du cortège de tête de la manifestation, les forces de police ont été très violentes tout le long du parcours, utilisant matraques, gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement à outrance. En arrivant à la rue de la barre au niveau de Bellecour, les CRS ont chargé violemment à plusieurs reprises, mais voyant que le cortège refusait de reculer ils ont battu en retraite.
C'est à ce moment-là que je croise le regard de l'un d'entre eux, qui procède alors à un tir de LBD qui
m'atteint en plein visage, alors qu'il se trouvait seulement à moins d'une dizaine de mètres de moi. Je suis immédiatement tombé au sol, sonné par le choc, et pensant avoir perdu mon œil puisque je ne
voyais plus rien et ne sentait plus mon visage.
Les medics m'ont pris en charge très rapidement, et finalement j’ai été touché à la pommette, deux
centimètres sous mon œil. Alors que je quittais le cortège, sous le choc et en colère, j'accoste des CRS pour leur demander des explications. C'est alors que l'un d'entre eux, sourire aux lèvres, me rétorque "alors ça fait mal hein?" » (Clément, 22 ans, témoignage par email).
La cause de la blessure est incertaine. Selon la victime, un street-médic présent sur place témoigne avoir vu une explosion avant que Clément ne tombe au sol, possiblement d'une grenade de désencerclement.
Recontacté un an plus tard, Clément a totalement guéri de sa blessure, mais reste affecté psychologiquement. « Je ressens depuis une crainte dès que j'aperçois la police, que j'évite autant que possible, témoigne-t-il, et je ne me sens absolument plus à l'aise en manifestation. Je m'y rend d'ailleurs beaucoup moins souvent qu'avant. »
Manifestation nationale contre la réforme des retraites.