Le 5 janvier 2019 lors de la 8ème manifestation des Gilets Jaunes, à l'intersection de la rue François 1er et de la rue Marbeuf à Paris, Shérif reçoit un projectile de LBD-40 au thorax, tiré par un policier à une distance de 5 mètres d'après lui. Il n'est pourtant pas immédiatement interpellé. « J'ai eu du mal à respirer. Le policier qui m'a tiré dessus a continué à courir comme si de rien n'était », témoigne-t-il. C'est en passant devant des camions de police sur la rue Marbeuf qu'il aurait été contrôlé et à nouveau frappé par des policiers avec d'autres manifestants, « [le supérieur] m'a dit qu'il ne voulait plus me voir dans les parages ».
Alertant des passants sur sa blessure et ses difficultés respiratoires, il évacué par le SAMU en compagnie d'autres blessés. Il lui est diagnostiqué, outres une plaie circulaire au niveau du thorax, une contusion myocardique associée à des complications cardiaques, probablement provoquées par l'impact du projectile policier. « J'ai ressenti des douleurs au cœur de temps en temps pendant un à deux ans. Ce n'est qu'après un à deux ans que j'ai compris que cela était dû à des kystes qui se développaient à l'endroit de la blessure. Il m'a fallu beaucoup de temps pour surmonter le traumatisme que j'avais subi à la suite de cet incident. Pendant 4 ans, j'ai pensé à une crise cardiaque. »
Réfugié politique, il n'a pas porté plainte de peur de répercussions contre lui-même mais aussi contre l'organisation pour laquelle il travaillait, « tous mes proches m'ont dit que porter plainte contre le Ministère de l'Intérieur serait une procédure difficile, que le résultat serait probablement contre moi, que je serais renvoyé dans mon pays ».
Quatre ans après, la mort de Mohammed à Marseille, touché au thorax par un tir de LBD, l'a poussé à témoigner.